Dog’sLife Production – L’Art nous parle !
vidéo expérimentale
Sur le thème « L’art nous parle » et où l’on voit que promiscuité et ennui nuisent à la peinture !
Pablo Picasso, Nu et fumeur, 1968
huile sur toile, 162 x 130 cm
Il allume sa pipe. Il ne voit qu’elle. Elle attend, les bras autour de ses genoux. Son regard aigu la croque, il la rêve…
Elle n’est pas d’humeur. Elle sait qu’elle ne peut s’échapper, elle le fixe avec impatiente…
Dans les années 60, Picasso devenu vieux et solitaire se retire dans sa maison de Notre-Dame-de-Vie à Mougin avec sa dernière épouse Jacqueline.
Le monde réel devient d’un accès difficile pour Picasso et celui des plaisirs physiques s’éloigne avec l’âge. Il revisite les peintres qui l’inspire, comme Manet, Rembrandt, Velázquez, et lit beaucoup. Les 3 Mousquetaires d’Alexandre Dumas sera son livre de chevet.
Son affaiblissement physique ne lui permet plus la posture « Magnifique » qui sied au macho. Mais le génial et ombrageux Picasso ne cède rien aux vicissitudes physiques de l’âge, il se libère de sa matérialité et entre dans sa peinture…
Il est le Mousquetaire, audacieux cavalier et fine lame du 17ème siècle.
Il est le fumeur… imaginez avec les yeux de l’époque, un Humphrey Bogart sans son accessoire mythique et tellement sexy pour l’époque, la cigarette.
Quant au nu, il a la posture que l’on retrouve dans les portraits de Jacqueline, beaucoup plus jeune que son mari. C’est peut-être elle qu’il désarme en l’exposant nue.
Voilà pour le contexte historique
Mais aujourd’hui, confinées dans les réserves de musées devenus trop étroits, des œuvres dorment… que pourrait être la conversation entre la figure du Fumeur et celle du nu ?
Ne s’appartenant pas, le nu est dans l’attente de tout recevoir du fumeur. Pour lui, c’est un travail insurmontable et pour elle, une insupportable frustration. Coincée dans la réserve, sans dérivatif, tout agace le nue… Pris au piège de son désir viril, le petit Mousquetaire ne peut être que malheureux !
Le tout est illustré par les voix du passé qu’incarnent si bien la berceuse de Jeanne Marignan et l’atmosphère particulière des musiques sur cylindre.